Le rôle clé des émotions dans les apprentissages et l'engagement
Les émotions jouent un rôle clé dans tout processus d’apprentissage en agissant sur la capacité de mémorisation de l’apprenant, sur sa rétention de l’information et sur son attention (Christianson, 1992 ; Finkenauer, Luminet et al., 1998). Il existe un lien fort entre les émotions et certains processus cognitifs comme l’attention, la mémorisation ou encore la prise de décision, leviers indispensables de l’apprentissage. Il a été prouvé que les émotions positives augmentent les performances de l’apprenant en activant les mécanismes de l’attention sélective, facilitent les souvenirs d’événements et d’expériences à long terme (Brosch et Al., 2013). Afin de créer les expériences apprenantes les plus réussies, il convient de s’intéresser aux émotions qui permettent l’implication des participants lors d’une formation.
C'est bien parce que nos émotions sont en parties conscientes et inconscientes (Ledoux, 1999) que notre esprit peut être trompé, au point d'accepter un univers comme réel, alors qu'il ne l'est pas. De nombreux paramètres sont déterminants dans la notion de présence. Ils ont été définis comme le volume de relations sociales, le degré de réalisme, la notion « d’être ici » et de « c’est ici », et la perception de l’immersion (Lombard, 1997).
Le cycle vertueux de l’engagement, mis en évidence par les travaux s’appuyant sur la théorie de l’autodétermination (Deci et Ryan, 2002) répond aux trois besoins psychologiques fondamentaux que sont le sentiment d’autonomie, de compétence et de lien social. Choisir de mettre en œuvre des actions cohérentes les unes par rapport aux autres et en lien avec ses propres valeurs renforce le sens donné à ses projets, donne confiance en ses compétences et renforce le lien social.
Les décisions requièrent des émotions autant que la pensée et l’intelligence émotionnelle ne sont pas le fruit d’un système cognitif différent de celles mesurées par le quotient intellectuel, elles en sont des constituantes (Damasio, 1995). La nature de la relation entre émotion et cognition peut être étudiée à travers des dissociations avec des activités cognitives plus spécifiques comme l’attention ou la mémoire.
Csikszentmihalyi étudia pendant plus de quarante années les groupes spécifiquement créatifs des artistes et des scientifiques pour essayer de déterminer ce qui semble les rendre plus heureux. Après l'analyse de nombreuses interviews, il constata que l'essentiel de ce sentiment réside dans des moments d’extases intellectuelles (Csikszentmihalyi, 1998). C'est précisément en ce sens que le « Flow », ou « flux », décrit par Csikszentmihalyi semble être un élément psychologique intéressant du chemin qui peut mener à la présence en situation d’apprentissage. Dans l'analyse des différentes interviews réalisées à travers le monde pendant quarante ans, sept points identiques ont été relevés dans le sentiment d'être dans le « flux ». Ces différents points sont les mêmes, quelles que soient la culture, l'activité ou l'éducation des personnes interrogées :
- Etre complètement investi dans ce que l'on fait. La concentration et l'attention doivent être totalement engagées dans la réalisation de la tâche.
- Un fort sentiment d'extase intellectuelle, et le sentiment d'être ailleurs que dans le quotidien.
- Une grande clarté intérieure, savoir instantanément ce qui doit être fait et comment le faire.
- Savoir ce que l'activité requiert comme compétences et savoir que nos compétences sont adéquates à ce qui doit être fait.
- Un sentiment de sérénité, ne pas s'inquiéter de soi, et avoir le sentiment de croître au dessus des limites de son ego.
- Perte de la notion du temps, les heures semblent être des minutes.
- Des motivations internes, ce que produit le « Flow » devient un objectif personnel.
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